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Séverine Bruneton J'ai connu Séverine à Forcalquier quand j’œuvrais au sein de la Cie TOUT SAMBA'L. Séverine était alors 

Organisatrice d'expositions. à l' Immeuble Berluc puis  Directrice artistique au Garage Laurent. Elle vie aujourd'hui à Apt.
Voici ses  textes inspirés  de l'épidémie de Corona Virus  et du confinement  décidé par les autorités le mardi 17 mars 2020.

Aller à la page Confinement Part 2 Pour lire les textes de Séverine en ce deuxième mois de confinement 

Confinement Covid-19 | J2 - 18/03

Je me suis assise sur un délaissé 
Après avoir quitté les ruines d’un palais
Ouvert sur la nature
Les oiseaux chantent
À tue-tête 
Ils crient même pour défendre leur territoire 
De rares bruits de moteurs
Et les mauvaises herbes poussent
Au-dessus des feuilles mortes 
De l’hiver
JE SUIS CHEZ MOI
En confinement 
Ensoleillé et sauvage
Cueillir le pissenlit 
Pour une salade du dehors

Un gendarme court dans les feuilles
Et l’on joue à cache-cache 
Moi géante et lui si petit
Mais ni l’un n’a peur de l’autre 
JE SUIS CHEZ MOI
En confinement 
Ensoleillé et sauvage
Avec les gendarmes qui envahissent 
Le sol
La feuille orange et ronde
Et la musique du printemps 
Naissant
JE SUIS CHEZ MOI
En confinement 
Ensoleillé et sauvage

Confinement J2 Séverine Bruneton

Confinement Covid-19 | J3 - 19/03

J 3/4

On voit traverser de longs chats roux
Qui semblent un tigre au milieu de la rue
19/03
Je me glisse dans un délaissé 
Heu Séverine 
Excuse-moi mais là ça fait redite
Oui mais c’est vrai
Et bien invente autre chose 
Pffff
C’est que le confinement 
C’est con....finale...ment 
CONFINEMENT 
C’est comme des cornichons dans un bocal
Non ?
Non...

Des sardines en boîte à l’huile d’olive !
C’est bon !
Oui...
Mais non...
Des cigarettes dans un paquet de cigarettes !
Mouais....
Le bus en Inde où ils étaient obligés de monter sur le toit !!!!
Pffff
Toi et moi
Nos 4 enfants avec la petite qu’a 8 mois
Dans notre 3 pièces HLM
En banlieue périphérique 
Et ça fait que 3 jours
Tu m’aimes ?
CONFINEMENT 

Confinement J2 Séverine Bruneton

Les fourmis font vibrer la surface asphaltée du bitume délavé alors que les derniers rayons du soleil lui lèchent les jambes.

Confinement Covid-19 | J4 - 20/03

Je suis comme le gros hanneton qui traverse de part en part vos fenêtres ouvertes
Vol de canards fliP flap au ras de l’eau
Des voix dans le paysage
Ils sont là certains certaine
Le délaissé encore mais eux ou nous ? 
Un moment où le soleil est en train de tomber
Ce moment n’est pas aujourd’hui 
Jour 4
Vendredi 20 mars
L’Afrique j’y pense avec terreur de ce qui peut arriver
J’y pense depuis le début
heureuse qu’il n’y en avait pas
Traînée de poudre dissémiNation
Penser fort avec confiance 
Rester positif
Mondial 
Continental 
Pandémie 
Les masques comme avant les pantalons garance
Care

Prendre soin
CONFINEMENT NATIONAL 
NATIONAL CONFINEMENT 
Les oiseaux se sont éloignés 
Silence sans silence
A l’extrême bout
Poser son corps sans le poser
Une étrangeté 
Jardin d’enfant sans enfants 
Je me bats avec moi même pour avoir la balançoire 
Une fille traverse en pas déterminés
Voix modérées 
Ponctuation chant d’oiseaux 
Hululement 
Mobylette 
Ça ne va pas être possible. 
CONFINEMENT NATIONAL 
NATIONAL CONFINEMENT 
Les chiens aboient

J 8

Confinement Covid-19 | J8 - 24/03

glanage du matin
J’ai un frère siamois comment je fais ?
J’ai pas de chien ?
J’ai perdu chien !
J’ai un piton et 4 souris est-ce que je peux les sortir ?
Vivant à la petite semaine
Toute cette herbe qui pousse c’est la vie qui pousse
Un jour on fera de grands repas
Faisons de la musique
et d’un autre jour
Jacques le fataliste de Diderot

Gris froid pour neige de printemps
Les peaux d’herbes se touchent
au risque de se contaminer
à la chlorophylle
Sur Blouses bleues essorées des EPADS
2 milliards 600 millions d’Indiens confinés
Des nationalisations ironie du sort
COVID 19 MANU DIBANGO
Et travail aux champs de la grande armée de l’ombre quand il n’y a plus l’autre armée de l’ombre des migrants
Propos sans hontes
Monde qui marche sur la tête
et jambes brassant l’air de la panique
Est-ce le coronavirus qui nous empêche de respirer ou les anxiolytiques de l’info ?
Se poser fermer les écoutilles de la paranoïa et respirer profondément
Cueillir la fleur qui fait neige
si fragile de ses pétales au goût légèrement sucré sur la langue
caresse douce de la joue
une sensualité amoureuse
d’ébats sexuels laissés en suspens
d’amants intouchables
caste du coronavirus
COVID 19 MANU DIBANGO
et des couples légitimes disloqués
à l’épreuve du temps
Le foyer de la contamination
Et chacun faisant à sa sauce
Un peu plus de sel
Non plus sucré merci
Amertume
et pourtant la nature respire mieux
Une bouffée d’air ?

Severine Bruneton - Foulonjm Textes et Poésies

Confinement Covid-19 | J9 - 25/03

J 9

bonoooonjououour il faudra tout oublier...

Il va y avoir plein de morts
et c’est terrible
Finir son puzzle de 1000 pièces
Une boom d’une demi heure
J’ai fait 1mn de danse par jour
Ils m’ont chanté à tue-tête
« Joyeux anniversaire »

Il neige sur Apt
avant de sortir l’artillerie lourde
pour nous garder confinés
Il neige sur Apt
avec de gros flocons
accrochés dans les arbres
ou sur les feuilles
Il neige sur Apt
un printemps trop précoce
et une nature chamboulée
LE CHAMBOULE TOUT
un virus dont on veut faire
notre ennemi
une arme de guerre
un virus qui bouleverse le monde entier
Il neige sur Apt les fleurs du printemps
La pluie qui tombe
Et les confettis restés échoués au sol
Il neige sur
Il neige
Il neig
Il ne
Il n
Il
Il
Il
I
I
I
I
Nei
ge
e
i
e

i

Severine Bruneton - Foulonjm Textes et Poésies

Confinement Covid-19 | J10 - 26/03

J 10

un chien testé positif
PERDU CHIEN !!!!

le coronavirus serait-il saisonnier ?
de l’autre côté de la planète
sa présence avec l’arrivée de l’hiver

confinement des prisonniers
pour une double peine
être libéré et se confiner encore mais où ?
Le chat se mord la queue
face au geste barrière de la prison
avec ses 70 000 emmurés
impossible insurrection

L’homme debout endormi
la tête sur l’épaule
LA CRISE VA ÊTRE LONGUE
comme une ritournelle
dans le cas où l’on risquerait d’oublier
les créateurs sont toujours inspirés
par les guerres
Les bijoux de la guerre
La poésie de la guerre
Les tableaux de la guerre
L’art de la guerre
Le bouclier de la jeunesse
d’Ariane Ascaride
ces jeunes adolescents
porteurs sains
de nos possibles contaminations
non protégés par leurs familles
privilégiées d’habiter au sommet des tours
Mon code QR avec son code vert
pour aller nourrir les poissons
qui n’ont pas mangé pendant 6 semaines

là bas en Chine
Mais prudence sur les routes
avec la tombée de la neige !
L’homme debout endormi
la tête sur l’épaule
LA CRISE VA ÊTRE LONGUE
comme une ritournelle
Envisager de nouveaux quotidiens
Une autre vie
Sortir de
Un autre état d’être
NOS RICHESSES NOS PAUVRETÉS
Solidaires
L’homme debout endormi
la tête sur l’épaule
LA CRISE VA ÊTRE LONGUE
comme une ritournelle
face à un réel
qui n’a jamais été aussi réel
nous ramenant face à un essentiel
notre essence
le sens mais quel sens ?
L’homme debout endormi
la tête sur l’épaule
LA CRISE VA ÊTRE LONGUE
comme une ritournelle
là là là là là làlàlàlà làlà
là là là là là là là làlàlà
làlàlà làlàlàlàlàlà làlàlàlàlàlà

là là-bas

Severine Bruneton - Foulonjm Textes et Poésies

Confinement Covid-19 | J11 - 27/03

J 11

un TGV ambulance
réanimation respiratoire
avec des confettis dans les poumons

Poussés par le vent
les parachutes des fleurs de pissenlit
volent
Changer d’attitude pour changer de direction
Changer d’altitude pour changer de direction
Croisière de l’air
Lâcher du leste pour descendre et envoyer le gaz pour remonter
Je pète et je rote
Je peux me permettre je suis seule
chez moi
Rebond entre le bas et le haut
Je me couche
lassitude altitude
fatigue et fièvre
J’attends que le téléphone sonne
Il ne faut pas compter les jours
au risque que le temps se rallonge

se recentrer sur soi
Insurrection civique
Ça ne me manque pas là
parce que ça ne manque à personne
finalement
MAIS APRÈS ?
Je rote et je pète chez moi
Je peux me permettre puisque je suis seule
seule
dans ma cuisine
Les jambes recroquevillées
sous mes cuisses
comme un petit oiseau
Avec ses chaussettes remontées
pour ne pas avoir trop froid
des yeux dans les larmes
et une envie de rien
du vide
du silence
chut
elle s’est endormie

Foulonjm Photogrphies Séverine Bruneton

Confinement Covid-19 | J12 - 27/03

J 12

avec les rediffusions
On nous souhaite la bonne année
et après on ne sait plus où on en est
quand on t’appelle si tu réponds pas
c’est que tu es sous ta douche
sinon on comprend pas
que ton téléphone puisse être déconnecté
Entre hier et ce matin
on a sonné 2 fois chez moi
parce qu’ils n’avaient pas les clés
du bas
Je suis montée à La Chapelle protestante
du haut
On perd vite l’habitude comme
aller faire ses courses
Bientôt je ne vais plus savoir
comment je m’appelle
Il y a une saturation de quelque chose
mais je ne sais pas de quoi
J’aimerais bien savoir qui a écrit
ce mauvais scénario

Je lui ai dit que je restais enfermée

chez moi

Il m’a dit qu’il faisait pareil
Si tout le monde se met à faire
la même chose
on n’est pas sortis de l’auberge
Je ne comprends pas pourquoi
Il n’y a personne quand je sors dans la rue
Une impression que tout le monde
me fait la gueule
Non non je ne suis pas parano
On m’a dit qu’il fallait sortir masqué
je suis sortie cagoulée
je crois que je n’ai rien compris
Demain matin on dort une heure de plus
chouette !
Ça pourrait faire un peu vacances
s’il y avait une plage avec la mer
si on était au ski autour d’une raclette
si on buvait un Spritz en Vénétie Julienne
mais avec des si on ne refait pas le monde

Foulonjm Textes & Poesies Séveirne Bruneton

Confinement Covid-19 | J13 - 29/03

J 13/14

Rituel du soir
20h et la nouvelle heure
avec le jour pas encore couché
nous non plus
Bella ciao rue déserte
et quelques têtes en plus
je rentre la mienne avec La Marseillaise
on se dit merci
à demain
Volets claquemurés
je n’ai pas de rideaux
Hommes seuls dans la rue
Dispersés
Regards en coin
Un entre dans la cathédrale
Elle suit
Petit sourire
Il n’y a pas de messe
Courses chez Omar
Dans la poche une autorisation
Fausse adresse
Fait à Aix
Date périmée
Va promener chien

​Sans chien

Le bon alibi un panier à la main

et les caméras de vidéosurveillance

Il faudra changer de veste
Je me suis fait un mot
En imitant la signature de ma mère
On se voudrait économe
en raturant
et en cochant toutes les cases
Sortir avec Chien sur la tête
et maîtresse de Chien
Perdu Chien ! Perdu Chien !
Cela peut-il remplacer le mot ?
Envie de doigts d’humeur aux caméras
On ne sait pas qui lit les mots
On ne sait pas qui nous regarde
2 mètres de distances
Choisir une police de caractère
Corps 8
Je n’ai pas de masque
Je n’ai pas peur
Mais je me confine
Je me confirme
Je me confie
Je me con fille
Je me confisque
Une émission très con
Le masque et la plume
Naja déteste et elle a bien raison

Foulonjm Textes & Poesies Séveirne Bruneton

Confinement Covid-19 | J14 - 30/03

ne rien faire
Ça prend beaucoup de temps
Et ce soir je me sens débordée
alors je vais me coucher
Saturation
Bonsoir
À demain

Confinement Covid-19 | J15 - 31/03

J 15

Le soleil fait briller le mur
d’une belle lumière chaude
En Inde ils vont mourir de faim
avant de mourir du corona
Dans les cuisines on prépare
déjà le repas du midi
Mangé beaucoup de poussière hier
réveil brutal dans la nuit
Insomnie et fatigue du matin
Non non je ne me sens pas stressée
Infos New York
envie de pleurer
ALERTE CORONAVIRUS
remplace le coucou à chaque heure
des housses mortuaires
à la place des masques
Comment peut-on s’imaginer
10 millions de masques ?
MASQUES
quand on sera sortis de cette histoire
HISTOIRE

Ah ! C’est pas pour de vrai
un scénario
Toi tu portes le costume
CORONAVIRUS
moi je porte le
MASQUE
et tu essayes de m’attraper
1, 2, 3 CORONAVIRUS !
Touchée !!!!
Ah !!!! Non ! Non ! Non !
Je ne joue plus
C’est pas drôle
C’est con ce jeu
Le mur d’en face est toujours
jaune
C’est le lampadaire qui
l’allume
le ciel est noir
c’est la nuit
L’illusion rétrospective
de Bergson

Foulonjm Textes & Poesies Séveirne Bruneton

Confinement Covid-19 | J16 - 01/04

J 16

je ne voudrais pas être là
au moment de la sortie du confinement
je ne sais pas pourquoi
je le sens mal
pleins de gens vont se jeter
sur la consommation
et se transformer en porcs
comme les parents
dans le Voyage de Chihiro
la circulation va reprendre
au sol et dans les airs
et on va s’intoxiquer
POISSON D’AVRIL !
Pôle emploi est là avec nous
c’est rassurant
actualisation
il faut que je m’actualise
mais avec quoi ?
le retour d’Asterix
pour se sentir bien gaulois
je ne sors pas trop
parce qu’il fait pas trop beau
mais il ne faudrait pas
qu’il fasse trop beau

L’inquiétante étrangeté de l’ordinairede Cavellou l’infra ordinairede Perecpour réfléchir à l’importancedes toutes petites choses simplesvoir banalesque l’on prend le temps de goûter là

loin de la super production
en XXL de nos vies
Le gouvernement a annoncé
un revenu minimum pour tous
POISSON D’AVRIL !
On ne pars pas en vacances
Ah ! On est en vacances ?
POISSON D’AVRIL !
Déjà 46 000 morts dans le monde
du Covid 19
POISSON D’AVRIL !
les morts en EHPAD pas comptés
Plus d’appel pour l’isolation à 1€
ça me manque
POISSON D’AVRIL !
Nouveau statut en Chine
du tueur invisible :
le porteur sain
on va bientôt entrer
en paranoïa aigüe
PAS POISSON D’AVRIL !
ce soir boum place Carnot
Allez on danse
avec son mot en poche
et distance de rigueur
pour pas de contre danse
PAS POISSON D’AVRIL !
on a vraiment dansé
et pas de contre danse

Foulonjm Textes & Poesies Séveirne Bruneton

Confinement Covid-19 | J17 - 02/04

J 17

Il est minuit
J’ai Salomon sur le feu
c’est le deuxième
enfin le premier sur la liste
mais il y a eu Eustache
avant
en premier
mais il est cinquième
l’avant avant dernier
Minuit 4 maintenant
J’ai dit qu’on était le 2
mais c’est déjà le 3
et le dix-huitième jour
il faut que je retourne
les mains dans le plâtre
j’ai procrastiné et voilà
l’urgence avec tout
à faire
en même temps
hier on était le premier avril

enfin avant hier
et le 31 c’était le dernier jour
du mois de mars
Fou que le temps passe
Il ne me reste qu’un sac
de granulés
Et ce qui est entrain
de brûler dans le poêle
Salomon il est sur un bidon Tiflex
parce que ça me fait penser à l’hôpital
il y a un hôpital dans le texte
de Jacques
enfin de Salomon
mais c’est un texte de Jacques
Eustache lui est sur un fer à repasser
mais dans le texte c’est plus compliqué
Bon j’y retourne
parce qu’ils sont 7
7 hommes de l’ombre

Foulonjm Textes & Poesies Séveirne Bruneton
J 18

Confinement Covid-19 | J18 - 03/04

Je ne sais pas
ce que ça sera
quand on va sortir
et se revoir
mais ça me fait l’effet comme
la première fois ou
j’ai marché sur la lune
tu mets le pieds sur le sol
et tu te sens tout mou
lourd aussi
parce qu’il y a le poids de ton corps
qui t’entraîne au sol
tu t’assoies alors
et tu regardes
tout ce monde qui bouge
ça te donne le tournis
tu regardes et tu pleures
et tu ris

et ton cœur bat très vite

tu ne sais pas si tu respires

tu ne sais pas

tu sais que ça va durer
encore
longtemps
tu sais que ça s’organise
et tu t’organises
enfin comme tu peux
et chacun marche
pas à pas
côte à côte
sans se croiser
je me suis couchée
2 heures au soleil
perdue dans rien
juste la sensation du chaud
et ça c’était bien
un peu de chaud
du soleil

Foulonjm Textes & Poesies Séveirne Bruneton

Confinement Covid-19 | J19 - 04/04

J 19

ne pas oublier un jour
c’est idiot
et pourtant
c’est important
je ne sais pas pourquoi
c’est important
mais j’ai décidé
que c’était important
alors je continue
et ça ne regarde
que moi
et celles et ceux qui veulent regarder
j’ai regardé Google map
j’ai appuyé dessus
ça indiquait
RESTAURANT AU PLATANE

c’est juste à côté de chez moi
ça indique moi
assise sur ma chaise rouge d’enfant
avec ma fenêtre qui donne
sur la terrasse du Platane
entrain d’écrire
là où je suis
géo localisée

à côté du
RESTAURANT AU PLATANE
le test lui il déteste il détecte
la petite goutte de sang
au bout du doigt
des millions de gens
avec une petite goutte de sang
au bout du doigt
dressé tel un étendard
une fierté
l’empêchement de l’action
de sa langue
venant d’une humeur péquante
c’est de la médecine
c’est
JOUR 20
dimanche 5 avril
ma fenêtre ouverte sur
RESTAURANT AU PLATANE
il fait beau
le soleil brille
un peu de l’immeuble
s’est retrouvé là

avec les enfants qui jouent
à cache-cache
de la vie comme des tableaux
juxtaposés
de mon côté
une table ronde
avec des pizzas maison
un repas de dimanche
à 4
presque du normal
pourtant grande fatigue
de confinement
insomnie de nuit
limbes de rêve
respiration difficile
dormi tout le reste de jour
lassitude
la pose du dimanche

Confinement Covid-19 | J20 - 06/04

J 20

entre pic et plateau
ce n’est pas qu’une question
d’altitude
l’ombre projetée sur l’immeuble
d’en face
c’est comme un masque
un masque d’ombre
sur les plateaux aux confins
de l’Himalaya
on est toujours
à plus de 3 000 mètres
un océan funèbre
calamités fléaux
d’un côté on monte et on redescend
de l’autre on traverse
avec des passages
tout en restant comme
dans un cirque
il faut trouver la sortie
la bonne porte
et alors la descente

est longue
très longue
on se réveille dans la nuit
secoués par le bus et les trous
et on voit la route
qui se pave de pavés
peu à peu
un à un
des pavés qui vont
bouger avec la montagne
et faire la route
et nous on reste ballottés
en attendant que ça passe
parce qu’on peut rien faire d’autre
on descend et descend
pour retrouver d’autres montagnes
encore et encore
vertigineux
même dans le plat
même face à l’étendue

Foulonjm Textes & Poesies Séveirne Bruneton

Confinement Covid-19 | J22 - 07/04

J 22

je suis montée pour parler
à la lune
ronde
quelques enfants du bas
remonte voix
oiseaux
dans nuit noire
battent ailes
feuillages
lune tu veux
crie d’alerte
aiguë dans le bas
lune tu crois
remontée d’odeur gaz oil
lune tu sais
chien aboie à droite

crie d’alerte se déplace

quart de cercle

lune non pourquoi
chien aboie oui oui.... oui
affirmatif
lune
le clocher sonne cristallin
10 coups aïe
ce soir
ce soir lune ?
chien aboie fond droit
crie alerte en continue
s’arrête
silence
batraciens remontée de Calavon
lune !

chien aboie droite entre 2

contre fond oui oui oui

répétitif de chien autre

SILENCE SVP

j’entends plus la lune !
dans le contre flanc
de la silhouette d’une colline
de nuit
une maison est lovée
signalée par un long trait
bleu mauve de lumière
et en escalier plus cours
en perspective
un rouge
comme un cœur éclairé
l’arbre fin dressé
du premier plan
au feuillage dentelle
laisse transparaître
l’obole de la lune
en toute modestie

J 23

Confinement Covid-19 | J23 - 08/04

la lune rousse
moi je l’ai vue blanche
en temps de covid
on nous demande des mots
pour nos faits et gestes
hors maison
mais quand on déterre
2 platanes centenaires
sur le bien public
qui nous fait un mot ?
personne
étrange silence
pour 2 platanes
rescapés du bien commun
mémoire ancestrale
d’un lieu d’autant emblématique
aujourd’hui
la petite vitesse
détruite impunément
il y a une année
la petite vitesse
ancien hangar
au beau bâti
comme dans toutes les gares
à une certaine époque
pour distribuer les marchandises
qui n’avaient pas d’urgences

CAD pas périssables

comme les fruits et légumes
l’ocre ici en l’occurrence
les terres de couleurs
en attente de distribution
de par le monde
oui oui déjà mondial
mais lent
un beau projet d’entrée de ville
la petite vitesse
ralentir le temps
on comprends ce que cela
veut dire en ces temps
partagés collectivement
n’est ce pas ?
la petite vitesse
prendre le temps
d’arriver en ville
s’arrêter découvrir
empreinter les ruelles d’Apt
de nos pas
découvrir des métiers
qui n’existent plus
réinventer notre rapport
au monde
parce que l’on prend le temps
de le faire

un beau projet qui ne se fera pas défendu par une poignée

d’habitants
allant jusqu’à la repeindre
pour dire combien elle était
belle
la petite vitesse
devenir une halle
y faite des marchés
y célébrer des mariages
s’y retrouver pour partir en vélo
y faire guinguette les soirées d’été
bals populaires perdus
la liste était longue de ses possibles
nos dirigeants ont d’autres priorités
soit disant pour le social
pour plâtrer les plaies en surface
en oubliant l’âme
qu’une petite poignée
de citoyens se sont soulevés
et des centaines soutenus
n’a servi à rien
il est trop tard maintenant
et le déplacement de ces
2 platanes
notre dernier cri de colère
aujourd’hui je vois rouge

Confinement Covid-19 | J24 - 09/04

J 24

les rorquals nagent
près du port de Marseille
cela ne fait pas encore 1 mois
et pourtant on est déjà le 9
avril
chiller vous connaissez ?
c’est la même chose que homeworker
se détendre et travailler à la maison
pas sûr que cela soit de la détente
le télétravail
mais c’est l’occasion
de ne pas oublier de consommer
et de s’acheter
un petit haut affriolant
histoire d’avoir
le fashion ticket
pourquoi
mon vieux tee shirt élimé
que j’adore
ne te plait pas
le gilet dans lequel je me confine

pour trouver un peu
de chaleur humaine
n’est pas montrable
les odeurs ne traversent pas
les écrans
dommage
on pourrait se sentir
un instinct un peu animal
on se reniflerait
on se découvrirait
ou on se reconnaîtrait
sans se voir
juste à l’odeur
n’est-ce pas plus sensuel
que s’acheter un petit haut
affriolant
en ligne pendant
son home working
un rorqual a bouché
le port de Marseille

Foulonjm Textes & Poesies Séveirne Bruneton
J 25

Confinement Covid-19 | J25 - 10/04

ils sont 3+1
presque la bande des 4
1 2 et 3 + 5
il manque Ilan pour la
bande des 4
et Udo et Xavier
pour le trio de fin
s’évader à dos de dragon
moi je m’évade avec mes pieds
hier j’ai beaucoup couru
pour arriver à l’heure
le grand réveil
on va tous se réveiller
dans une grande nurserie
il y avait 2 cerfs
devant ma fenêtre
je pense que ça devait
être un couple
les biches elles s’ébattent sur les plages
de nos écrans
cet émerveillement
on en a besoin
on en a besoin
n’est ce pas
tous ces milieux

ça ne peut pas être des décors
n’est ce pas
pas des pelouses
mais des jardins
pour que les taupes
puissent creuser leur trou
n’est ce pas
on doit rentrer en guerre
contre notre comportement
on doit changer d’attitude
on doit changer d’attitude
n’est ce pas
je suis un oiseau rare
les dédicaces ça me rappelle
la classe de neige
tous les autres recevaient des colis
mon frère et moi rien
alors envoyez au petit vieux
à la petite vielle anonyme
votre chanson
en inventant un souvenir
qui n’existe pas
je coupe la radio
du silence
ça fait du bien

Foulonjm Textes & Poesies Séveirne Bruneton

Confinement Covid-19 | J26/27 - 11 et 12/04

J 26/27

on était loin du monde
je suis à la chapelle
et je suis loin du monde
je suis assise sur ma chaise
et je suis loin du monde
j’en ai plein les oreilles
je croise un peu du monde
je poste un peu
du monde sur mon fb
et je suis loin du monde
je reçois juste à l’instant
avec excuse pour doublon
repenser le monde
le monde le monde le monde
explose dans ma tête
je me sens petite
toute petite petite
recroquevillée enfouie enterrée
par le monde
et pourtant je vois personne
ou presque personne
comme investie d’une mission

gigantesque

sauver le monde
quoi quoi quoi
je dois sauver le monde
merde j’avais pas prévu ça
super S
oui oui oui
j’ai joué à ça
avec les copines à St Agustin
on posait un doigt de couleur
sur la peau
force rouge
oui j’avais un masque
mais sur les yeux
comme Zorro
on avait des combis blanches
mais pas d’infirmières
on posait des points
parce qu’ils y croyaient
mais c’était pour de faux
on est allées dans les apparts
ils nous ont ouvert leurs portes

on a posé des doigts

sur le mur au dessus du lit

dans la cuisinière
au genoux
de couleurs
rouge jaune verte bleue
sur les bus les voitures de police
et les bouteilles de gaz
on a contaminé un quartier
de Cuba
OUI
mais c’était une contamination
jamais sauver le monde
même si eux croyaient
qu’on les soignait
jamais sauver le monde
c’est quoi
c’est qui qui dit
sauver le monde
comment
repenser le monde
ah repenser le monde
....
heu je crois que je vais aller me coucher

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