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Michel le Ménestrel - Musicien (Les Mauvais Garçons)

L'écriture de Michel a le décalage d'un songe, d'un rêve. Les mots s'y entrechoquent porur nous livrer des textes d'une grande originalité.

Terre Préhistorique (1989)

Nous avons créé des millions de planètes
Et des villes comme Berlin
Tant de mondes issus de la seule pensée
Et de la force incontrôlée de notre amour
A chaque instant il faut bien comprendre
La folie un peu plus et crier intérieurement
Et scruter de l’œil invisible les régions fertiles
Qui ont poussé pendant que nous dormions

 

A présent comment ne pas s’aventurer... 
Ton cœur bat à tout rompre
Ma propre histoire s’écrit avec une encre lourde
Epaisse comme le sang 
Dans les sillons d’une terre préhistorique

 

Nous avons la force de l’orage et nous vénérons l’orage
Et l’orage est passé sur nous
La mer, le sable, laissons là ces images d’un bonheur futile
Et prenons le temps du voyage
Je rêve de chair souple, le pied tendu jusqu’à la lune
L’habit de soie échoué
Nous irons tout au bout de nos solitudes
Et de la sècheresse du ciel où finissent les mutants

 

Tu es ici chez toi, les fenêtres se ferment
Sur les étrangers qui dorment dans la chambre d’amis
Certains soir on peut apercevoir le piano
Se balancer dangereusement au-dessus des massifs
Un jour il nous faudra tout quitter
De la cave au sommet des tours, la bibliothèque et le parc
Et déchirer la toile insensible 
Qui commençait de nous unir

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Deux heures du matin (1989)

Deux heures du matin

Assis dans mon fauteuil
Comme un qui ne tient plus debout
Ne veillant que d’un œil
Un vieux chat noir sur les genoux
J’aurais pu rester là flirtant avec l’éternité
Mais sans me torturer
Bien sûr j’étais en train de redevenir fou

 

Sortant d’un cinéma
Sourire aux lèvres pour quels adieux...
Deux amis d’autrefois
Se quittent en détournant les yeux
Nul doute que l’un d’eux, celui qui voulait être roi
Dans le film oublié
Viendra sonner chez moi à l’heure numéro deux

J’ouvre la porte... il me sourit, je demande
Qui es-tu, profanateur de ma nuit solitaire ?
(Son visage m’est étranger, pourtant cette pâleur...)
Et viens-tu de si loin que je ne puisse prétendre
T’appeler mon ami ?

 

Le chat fait le dos rond
Tout autour le froid s’est glissé
J’entends un carillon
Peut-être même un bruit de clefs
Mais le silence me ranime à l’instant où j’écrase
Ma dernière cigarette
Comme vieux souvenir au fond d’un cendrier

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Amitié très spéciale | Océan

Amitié très spéciale (1990)

Nous avons tué nos dires, les parfums violents
Nous sommes les enfants du songe au-delà de l’ivresse
Nos larmes ont disparu emportées par le temps
C’est l’heure du mépris puis viennent les caresses

 

Nos rêves cette nuit sont des monstres dociles
Ni musique secrète, ni regards insistants
Nous ferons nos adieux aux lueurs de la ville
D’un seul très long baiser traversons cet instant

Et même si ailleurs sous des cieux ennemis
Le danger nous poursuit inexorablement
Hordes civilisées qui en veulent à nos vies
Cachons-nous l’un dans l’autre pareils à des amants

 

Comme deux âmes perdues dans le même dédale
Partageons le plaisir de la belle ignorance
L’aurore nous définit : amitié très spéciale
Quand mourront nos soupirs rien n’aura d’importance

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Océan (1983)

L’océan roule devant moi
A vagues lentes
Je connais son pouvoir
Et ma maigre espérance
Au passé qui me tient
Je crache sans vergogne
Mes rêves héroïques
Sombres comme les monts
 

Déesse floue, lointaine
Reflet de la houle incertaine
Danse au son d’un piano
Son étreinte m’apaise
Mon vieux mythe éternel
S’est perdu dans des pluies
Pour renaître au couchant
Fragile comme une flamme

Sur l’île des mélancolies
J’écoutais les oiseaux
Le chant troublant des sirènes
Et d’autres cris plus étranges
Terribles et prophétiques
Jusqu’au murmure du soir
Et je me suis laissé prendre
Heureux, las et enivré

 

La nuit, toutes les nuits
L’esprit des roches me visite
Trouvant refuge sous l’écorce
De mes paupières
Ses yeux sont deux lacs assoiffés
Mais je n’ai plus de larmes
Jamais rien ne m’importe
Quand la marée m’emporte

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